ITW : Coopération RDC - France, MONUSCO et 50 ans de l'OIF

Résumé en texte

François Pujolas : '' La crise multiforme que traverse le monde ne change en rien les paradigmes. ''

Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire français en République Démocratique du Congo (RDC) depuis le 5 septembre 2018, M. François Pujolas a été récemment l'invité du JT Diplomatique dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la Francophonie. Les questions-clés qui constituent le gros de la coopération bilatérale entre la RDC et la France y ont été abordés avec lucidité au cours de ce magazine audiovisuel très prisé par les acteurs politiques et diplomatiques. '' La RDC est une véritable découverte pour moi. Ici, on est vraiment dans un contexte géographique, culturel mais surtout linguistique un peu plus différent '', a-t-il déclaré en préliminaire. Avant d'ajouter : " La RDC a une identité propre à elle. Je me sens bien, mais je me sens aussi un peu comme privilégié car, les diplomates essaient de ne pas vivre que leur monde, nous sommes chanceux de vivre à Kinshasa qui est une très belle ville et dans un pays très dynamique ''.

Concernant l'état des relations bilatérales entre la RDC et la France, l'Ambassadeur français les a qualifiées d'excellentes et elles se sont renforcées ces dernières années grâce au recadrage de certains points. La rencontre au plus au niveau de l'État entre le président Emmanuel Macron et le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en mars 2019 au Kenya, marque l'attachement de la France à la RDC. C'était la première rencontre du président Tshisekedi d'avec un président du G7 (Ndlr : Le Groupe des sept est un groupe de discussion et de partenariat économique de sept pays réputés en 1975 pour être les plus grandes puissances avancées du monde qui détiennent environ les 2/3 de la richesse nette mondiale, puis 45 % en 2019 : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. Le groupe rassemble 7 des 10 pays avec le plus important PIB du monde, avec l?absence de la Chine qui occupe le 2e rang. Le sommet du G7 réunit chaque année les chefs d'État ou de gouvernement de ces pays, ainsi que les présidents de la Commission et du Conseil européens ainsi que, pour certaines activités, des représentants d'autres pays ou d'autres unions internationales, invités à participer).

Et le passage en RDC, en mai 2019, du ministre Français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, qui avait été sanctionné par l'adoption à cette occasion d'une Déclaration conjointe fixant les priorités et ambitions communes entre les deux pays, est venu encore renforcer les excellentes relations bilatérales.

Ce qu'il faut rappeler

'' La France n'est pas seule. Nous agissons de concert avec nos partenaires Européens et nous agissons aussi dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies (ONU), spécifiquement sur des questions relatives à l'insécurité à l'Est du Congo, à travers la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO). La France est un membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU au sein duquel, nous avons la responsabilité de coordonner et de faciliter l'élaboration des décisions concernant la RDC. Au-delà des questions bilatérales, nous sommes (très) intéressés aux questions qui concernent le développement de la RDC '', a révélé le diplomate français.

La France a renforcé ces dernières années son partenariat stratégique avec la RDC au plus haut niveau.

'' A travers ce partenariat, nous avons voulu marquer d'une manière concrète le renforcement de la coopération sur les secteurs essentiels tels que : le renforcement du capital humain notamment, dans les domaines de la santé et de l'éducation ; la protection de l'environnement à travers une préservation intelligente et durable du bassin forestier du Congo, deuxième poumon vert de notre planète '', a déclaré M. François Pujolas, qui a la faiblesse de penser que le pays d'Emmanuel Macron est le tout premier partenaire de la RDC dans plusieurs domaines-clés de la vie nationale.

Pour pérenniser les efforts du développement en RDC, l'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire français en RDC croit qu'il est essentiel de créer les conditions stables et sûres du développement fondées sur la paix, la sécurité et la stabilité. Dans ce processus du développement, l'Armée et la Police, pense-t-il, ont un rôle éminent à jouer, y compris dans la restauration de l'État de droit. C'est un élément important de la coopération bilatérale entre la France et la RDC.

S'agissant de la restauration de la paix et sécurité, il y a un une décision unanime des membres du Conseil de Sécurité de l'ONU pour la réforme de la brigade d'intervention rapide de la MONUSCO, un instrument essentiel pour la paix en RDC. Mais ces dernières années, note le diplomate français, pour plusieurs raisons, elle est en perte de vitesse alors qu'elle avait remporté un franc-succès en 2013 contre le Mouvement du 23 Mars (M23), ''transformé'' depuis en parti politique. Ce qui avait suscité beaucoup d'espoirs pour la suite.

Après un rapport d'audit commandé par le Secrétaire Général de l'ONU, différentes recommandations ont été prises pour voir comment avec les partenaires fournissant les contingents de la brigade des améliorations pouvant être mises en place pour le renforcement au niveau de son état-major et au niveau des moyens mis à sa disposition notamment, en matière des renseignements afin de l'aider à mieux jouer son rôle en matière offensive.

'' La brigade de la MONUSCO est dans une zone particulière, comme vous le savez, c'est l'une des principales bases de déploiement important des ADF (Groupes rebelles et terroristes ougandais ayant trouvé refuge à l'Est de la RDC), un groupe armé un peu plus particulier dont la présence est préoccupante. Il est essentiel que la brigade puisse être la plus opérationnelle possible, c'est le sens de cette réforme qui est en cours au niveau du Conseil de Sécurité de l'ONU '', a encore révèlé l'Ambassadeur français en poste à Kinshasa.

Selon M. Pujolas, '' la crise multiforme que traverse le monde ne change en rien les paradigmes dans la coopération bilatérale entre la RDC et la France.
C'est dans cette optique que dans le domaine de la santé, nous avons adopté une feuille de route bilatérale pour la lutte contre les épidémies en RDC d'un montant de 66 millions d'euros de don ''.

Mais au-delà de l'argent, y a-t-il d'autres projets de coopération ? En répondant à cette question, l'Ambassadeur français n'est pas allé par le dos de la cuillère : '' Il y a des projets concrets qui sont déjà envisagés. Investir dans le capital humain demeure le créneau de la France pour la population congolaise. Raison pour laquelle, nous soutenons la réforme ambitieuse initiée par le président Tshisekedi sur la gratuité de l'enseignement qui va permettre un accès universel à l'éducation, mais nous sommes aussi soucieux (...) sur la qualité de l'éducation. C'est pour cette raison que les deux présidents, lorsqu'il se sont vus, avaient décidé de la création du premier Institut de formation des maîtres en RDC. Ce projet devrait démarrer l'an prochain, mais quelques retards ont été observés à cause de la pandémie liée à la Covid-19 ''.

La France a la responsabilité d'aider la RDC à retrouver sa place au sein de l'OIF

Quid du cinquantenaire de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ? '' En cette année où l'OIF célèbre son cinquantenaire, la France a la responsabilité d'aider la RDC à retrouver sa place au sein de l'Organisation car, elle est l'un des principaux pays de l'OIF. Avec la RDC, nous avons des valeurs humaines en partage qu'il faut promouvoir pour l'avenir de nôtre Organisation. L'OIF est au rendez-vous de grands sujets mondiaux du moment, avec ses moyens qui ne sont pas illimités. Elle a pensé à être présent '', a-t-il conclu.

Propos recueillis par Philippe Katumba